Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/391

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ne croyez pas m’intimider ; je n’ai rien à redouter de vous. Sur un signe de moi, il me viendrait des défenseurs. Je vous dirai tout, mais je ne veux rien recevoir de vous.

» Je ne sais ce qu’elle lut sur mon visage, mais aussitôt elle appuya un doigt sur un bouton caché dans les moulures de la table.

» Au même instant, deux portes que je n’avais pas remarquées, tant elles étaient bien dissimulées, s’ouvrirent sans bruit, et deux hommes parurent : ils avaient des masques sur le visage ; ils se tinrent immobiles près des portes n’attendent sans doute qu’un signe pour se ruer sur moi.

— Caraï ! s’écria le Mayor, voilà qui se corse singulièrement ; sur mon âme, je veux aller consulter cette sorcière !

— Vous ne la retrouveriez pas ; le lendemain de ma visite, elle a disparu ; et il m’a été impossible de découvrir sa nouvelle adresse.

— Mort diable ! elle vous a donc dit des choses bien extraordinaires pour avoir si grand peur de vous…

— Vous en jugerez, si vous voulez bien m’écouter encore pendant cinq minutes ; d’ailleurs, cette prédiction vous intéresse indirectement. Je vous avoue que j’ai hâte de terminer ce récit, que peut-être je n’aurais pas dû commencer.

— Continuez, mon ami ; ce récit m’intéresse vivement ; ce que j’ai entendu jusqu’à présent me prouve que vous avez eu affaire a une maîtresse femme, et qui connaît très bien son métier.

— Bientôt, vous en conviendrez avec plus de raison, dit Felitz Oyandi avec son ricanement railleur. La Sibylle reprit :

» — Ces hommes ne parlent et ne comprennent que le français : en quelle langue voulez-vous que je vous réponde.

» Je ne sais quelle pensée bizarre traversa en ce moment mon esprit.

» — En langue basque, lui dis-je.