Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/418

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— Mon nom ? Caboulot ? fit-il en riant.

— Ton nom de guerre. Tu dois en avoir un ?

— J’en ai dix. Il faudra être ficelé, n’est-ce pas ?

— Oui ; tenue de viveur riche.

— Soyez calme, ce sera fait. Vous attendrez le vicomte de Carlhias. Voici une de mes cartes pour que vous n’oubliez pas.

Et il lui mit dans la main un carré de bristol sur lequel étaient imprimés, surmontés d’une couronne de vicomte, ces mots en lettres gothiques : « Vicomte de Carlhias, » et au-dessous, en lettres microscopiques : « Attaché à la légation de la République de San-Marino. »

Le Mayor lut la carte et la mit en riant dans sa poche.

— C’est bien, dit-il, je n’oublierai pas ; le garçon sera prévenu. Je te donnerai mes derniers ordres. Selon ce que tu m’apprendras, nous agirons tout de suite ou nous remettrons l’affaire à vingt-quatre heures plus tard ; n’oublie pas de choisir trois hommes solides, et dont tu puisses me répondre.

— Est-ce qu’il y aura mort d’homme ?

— Et de femme, probablement.

— Hum ! cela sera cher !

— Combien à peu près ? Ne me trompe pas.

— Trois cents francs au moins par homme.

— Mais solides ?

— J’en réponds.

— C’est bien ; voici trois mille francs, mille francs pour tes hommes, cinq cents francs pour tes déboursés et quinze cents francs d’avance sur les trois mille promis : tu vois que je ne lésine pas ? Mais, pas de tromperie ; tu me connais ; je ne te manquerais pas.

— Cela suffit, mon maître ; j’ai trop à gagner en vous servant fidèlement pour avoir seulement la pensée de vous tromper.

— Cela te regarde, tu es prévenu ; au revoir. Demain, entre onze heures et minuit, chez Brébant, cabinet n° 25.

— J’y serai.

Le Mayor se leva et quitta l’église.