Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/420

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quelques toiles signées Troyon, Rousseau, d’Aubigny, Français, Diaz, Decamps, de Dreux et d’autres noms aussi célèbres.

Ce boudoir-salon était donc un délicieux réduit, où les heures s’écoulaient douces, calmes et heureuses pour la comtesse de Valenfleurs, en travaillant à quelque ouvrage d’aiguille ou de broderie, ayant à ses côtés sa fille adoptive Vanda et la demoiselle de compagnie de celle-ci, avec lesquelles elle causait tout en surveillant d’un œil indulgent les travaux des jeunes filles ; car elle ne souffrait pas qu’elles demeurassent inoccupées.

La comtesse riait des folies de sa chère Vanda, qui, impatiente de tout frein, bondissait comme une jeune gazelle effarouchée à travers le salon, s’asseyant tantôt au piano, tantôt à l’orgue, touchant une sonate, chantant une chansonnette, puis, se levant comme elle s’était assise, sans autre but que de changer de place, et se mettant à peindre ou à dessiner, pour reprendre sa broderie qu’elle abandonnait un instant après, pour aller faire un collier de ses beaux bras blancs au cou de la comtesse, ou aller embrasser sa demoiselle de compagnie, qu’elle aimait beaucoup.

Et toujours ainsi, sans que les remontrances amicales de la comtesse parvinssent à obtenir d’elle qu’elle demeurât tranquille à la même place pendant seulement dix minutes.

Ainsi que le disent les vieilles gens, la jeune fille semblait avoir du vif argent dans les veines et des fourmis dans les jambes.

Mais un jour, il y avait de cela sept ou huit mois, Vanda avait changé subitement.

Plus d’espiègleries, de joyeuses cascatelles, de rires cristallins ; plus de bonds de chevrette étourdie et folle : elle était devenue calme, reposée, revenue, rêveuse surtout, et même parfois non pas positivement triste, mais mélancolique.

La seule chose qui n’avait pas changé en elle, sinon peut-être pour s’accroître, c’était sa tendresse profonde