Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/421

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pour sa bienfaitrice, que chaque jour elle semblait aimer davantage.

La comtesse avait suivi d’un regard attentif cette métamorphose singulière, qu’elle ne savait d’abord à quoi attribuer, et dont elle avait été presque effrayée.

Mais bientôt elle s’était rassurée et avait souri intérieurement. Ces subites langueurs de ses grands yeux de gazelle, ses rougeurs sans causes apparentes qui envahissaient subitement son visage, les soulèvements indiscrets de son sein virginal sous la gaze qui le voilait, avaient révélé le secret de la chaste enfant mieux peut-être que Vanda ne se l’expliquait à elle-même.

Parfois une larme fortuite tremblait comme une perle liquide à l’extrémité de ses longs cils de velours ; et si la comtesse lui demandait pourquoi cette larme, elle répondait qu’elle n’en savait rien.

Et cela était vrai ; elle l’ignorait, et elle cachait son charmant visage dans le sein de sa bienfaitrice en lui murmurant à l’oreille, avec un accent que celle-ci ne lui avait jamais connu jusqu’alors :

— Oh ! mère ! mère ! que tu es bonne et que je t’aime ! Que je suis heureuse près de toi !

Quant à la demoiselle de compagnie, elle ne comprenait rien, ou ce qui est probable, elle semblait ne rien comprendre au drame intime qui se jouait devant elle.

Disons en quelques mots ce qu’était cette demoiselle de compagnie, qui est appelée à jouer un certain rôle dans la troisième partie de cette histoire.

Elle était Américaine ; elle était née à New-York et appartenait à une famille puritaine de cette ville, où les puritains sont en si grand nombre.

Elle avait vingt ans à peine, d’admirables cheveux blonds cendrés, dont au besoin elle aurait pu se faire un manteau, de grands yeux d’azur, languissants et rêveurs, une bouche charmante, aux lèvres rouges, un peu épaisses, garnie d’une double rangée de perles, une physionomie de madone ; grande, bien faite, cambrée,