Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/53

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— Entendons-nous, cher ami, c’est Charbonneau qui a tout fait. À chacun son dû. Moi, je me suis contenté d’approuver, voilà tout. Seulement, je te ferai observer que cette alliance contractée avec une des tribus les plus guerrières des prairies nous donne l’appui de cinq cents guerriers bien armés et d’une valeur éprouvée. C’est pour nous un précieux et puissant renfort.

— Si puissant que cette fois, quoi qu’il fasse, le Mayor est perdu, et que rien ne le pourra sauver.

— Je le crois, dit Bernardo.

— Moi, j’en suis certain, ajouta le docteur.

— Que Dieu ait pitié de ce malheureux ! dit doucement Denizà.

— Vous le plaignez ? dit Bernardo avec surprise.

— Je le plains d’autant plus que ses crimes sont plus odieux, et qu’il ne peut implorer ni la pitié des hommes, ni celle de Dieu.

— Hélas ! chère Denizà, dit Julian, vous ne connaissez pas encore ses crimes les plus abominables. Mais le moment est venu de tout vous dire. Je puis parler devant Bernardo, c’est mon ami le plus fidèle ; je n’ai et n’aurai jamais de secrets pour lui. Écoutez-moi donc, et lorsque vous saurez tout, nous aviserons aux mesures qu’il conviendra de prendre envers madame la comtesse de Valenfleurs.

Et Julian raconta dans les plus minutieux détails la confidence que le señor Navaja lui avait faite au sujet du Mayor, et il termina en rendant compte de la capture de Sebastian, l’âme damnée du féroce aventurier.

Lorsque le chasseur se tut, il y eut un assez long silence.

Les auditeurs de ce singulier récit étaient frappés de stupeur.

Ils commentaient dans leur esprit troublé les péripéties émouvantes de cette étrange histoire et ne savaient à quoi s’arrêter.

— Il est évident, dit enfin le docteur, que ce Navaja, quel qu’il puisse être d’ailleurs, a dit la vérité ; on n’invente pas de pareils faits. D’ailleurs, ce que nous savons