Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/279

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— Oh ! interrompit-il brusquement, vous ne comprenez pas ma pensée : je m’intéresse beaucoup à cette jeune femme pour mille raisons particulières ; si j’émets une observation, ce n’est pas un doute, mais un espoir.

— Oui, je sais ce que vous allez me dire : on retrouvera ses traces, n’est-ce pas ?

— Oui, telle est ma pensée, je ne vous le cache pas, à moins que le Mayor, en bête féroce qu’il est, ne tue la fille comme il a tué la mère ; et encore, les hommes qui, en ce moment, doivent être déjà sur la piste du Mayor, retrouveront son corps.

— Oh ! oh ! fit le Loupeur en riant, toutes ces histoires de pistes, de « suiveurs », de traces, de batteurs d’estrade, etc., sont fort amusantes et tiennent très bien leur place dans les romans ; mais la réalité est toute différente. Croyez-moi, tous les Bas-de-cuir et les chercheurs de pistes de l’Amérique seraient bien embarrassés pour trouver une piste quelconque dans l’immense, forêt parisienne.

— Ne vous y fiez pas, dit sérieusement Sebastian ; je connais de longue date les deux coureurs des bois auquel le Mayor a affaire : ce sont de rudes hommes, auxquels j’ai vu, en maintes circonstances, accomplir en ce genre, et comme en se jouant, des tours de force réputés impossibles.

— Tant mieux, nous les verrons à l’œuvre.

— Ils y sont déjà, sachez-le bien ; et si vous me permettez de vous donner un conseil, redoublez de prudence, car s’ils se mettent à vos trousses, si fin que vous soyez, ils vous réduiront aux abois.

— C’est ce que nous verrons, s’ils me découvrent ; mais à propos de quoi me dites-vous tout cela ?

— Dans votre intérêt d’abord et dans le mien ensuite.

— Je ne comprends pas.

— Je veux dire que vous n’avez pas un instant à perdre pour frapper le grand coup et en finir, vous et moi, avec le Mayor ; vous, pour toucher les sommes pro-