Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/368

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je ne comprends pas cette volupté que les Comanches éprouvent à enlever ainsi des chevelures.

Le Loupeur, malgré son féroce courage, était devenu blême à cette vue horrible ; il frissonnait, ce supplice épouvantable le glaçait de terreur.

Les trois hommes descendirent au rez-de-chaussée, ils pénétrèrent dans un petit salon où quelques minutes plus tard Tahera les rejoignit.

À la vue du Comanche, le Loupeur éprouva, malgré lui, un certain malaise, bien qu’il affectât la plus parfaite tranquillité.

— Vous avez scalpé l’homme de là-haut, chef ? lui dit Bernard.

— Oui, sa chevelure est très belle ; Tahera avait fait le serment de l’enlever ; il a attendu bien des lunes. Ce qu’un guerrier comanche dit, il doit le faire ; à présent son serment est accompli.

— C’est juste, chef : vous êtes un grand guerrier, votre parole est d’or ; mais pourquoi, après l’avoir scalpé, ne l’avez-vous pas tué ?

— Le Manchot est pire qu’un chien : un chien est bon et fidèle, le Manchot est une bête puante, un coyote : il doit mourir comme un coyote immonde : voilà pourquoi, sans doute, mon frère la Main de fer a refusé de le tuer quand le Manchot l’en a supplié.

— Hein ! quelle logique serrée ont ces Peaux-Rouges ? dit au policier Bernard qui ne trouvait rien à répondre à cette question.

Et il ajouta :

— Est-il mort ?

— Oui. il est mort, mais c’est trop tôt ; il aurait dû souffrir tout un jour encore !

— Oui, vous avez raison ; mais puisqu’il est mort, que le diable l’emporte ! faites-le jeter dans le trou avec les autres ; et puis, écoutez, chef : je vous prie de le fouiller vous-même, et vous m’apporterez, s’il vous plaît, ce que vous aurez trouvé dans ses poches.