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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

— Assez, interrompit rudement le Scalpeur ; songe à toi, tes ennemis arrivent.

D’un bond il se mit en selle, fit volter son cheval et s’embusqua derrière l’énorme tronc du chêne-acajou.

Fray Antonio, réveillé par l’approche du danger, saisit vivement son rifle et se jeta, lui aussi, derrière l’arbre.

Au même instant un craquement assez fort se fit entendre dans les broussailles, les buissons s’écartèrent et plusieurs hommes parurent.

Ces hommes étaient au nombre de quinze environ ; c’étaient des guerriers apaches : au milieu d’eux se trouvaient le Renard-Bleu, John Davis et son compagnon.

Le Renard-Bleu, bien que jamais il ne se fût trouvé face à face avec le Scalpeur-Blanc, en avait souvent entendu parler, soit par les Indiens, soit par les chasseurs ; aussi, lorsqu’il lui avait entendu prononcer son nom, une angoisse inexprimable lui avait serré le cœur en songeant à toutes les cruautés dont ses frères avaient été victimes de la part de cet homme ; la pensée de s’emparer de lui lui était venue. Il s’était hâté de faire le signal convenu avec les chasseurs, et, s’élançant à travers les halliers avec cette vélocité singulière qui caractérise les Indiens, il s’était rendu à l’endroit où l’attendaient ses guerriers et leur avait ordonné de le suivre ; en revenant sur ses pas, il avait rencontré les deux hasseurs qui, de leur côté, ayant entendu le signal, accouraient à son secours.

En quelques mots le Renard-Bleu les mit au courant de ce qui se passait ; pour être véridique, nous