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LES RODEURS DE FRONTIÈRES

obligations que je vous ai et que je règle ma conduite à venir sur ces obligations. Parlez, je vous écoute.

— À quoi bon vous faire ce récit fort peu intéressant pour vous ? vous êtes libre, cela doit vous suffire.

— Non, cela ne me suffit pas ; je suis libre, cela est vrai, mais comment le suis-je devenu ? voilà ce que j’ignore et ce que j’ai le droit de vous demander.

— Ce récit, je vous le répète, n’a rien de bien intéressant pour vous, mais cependant, comme il peut vous faire prendre une opinion meilleure de l’homme auquel vous apparteniez, je ne refuserai pas plus longtemps de vous le faire ; écoutez-moi donc.

Tranquille, après cet exorde, rapporta dans tous leurs détails les événements qui s’étaient passés entre lui et le marchand d’esclaves, puis, lorsque enfin il eut terminé :

— Eh bien ! maintenant, dit-il, êtes-vous satisfait ?

— Oui, répondit le nègre qui l’avait écouté avec l’attention la plus soutenue, je sais qu’après Dieu c’est à vous que je dois tout, je m’en souviendrai ; jamais, quelles que soient les circonstances dans lesquelles nous nous trouvions l’un et l’autre, vous n’aurez à me réclamer ma dette.

— Vous ne me devez rien, maintenant vous êtes libre ; c’est à vous d’user de cette liberté comme doit le faire un homme au cœur droit et honnête.

— Je tâcherai de ne pas me montrer indigne de ce que Dieu et vous avez fait pour moi ; je remer-