Page:Aimard - Les Rôdeurs de frontières, 1910.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
LES RODEURS DE FRONTIÈRES

grandes solitudes ; pendant vos longues heures de chasse vous réfléchirez à loisir à la profession que vous voulez embrasser, vous pèserez dans votre esprit les avantages que vous espérez en retirer, puis lorsque votre détermination sera prise irrévocablement, eh bien ! vous tournerez le dos au désert, vous reprendrez le chemin des habitations, et comme vous êtes un homme actif, intelligent et honnête, j’ai la certitude que vous réussirez quelle que soit la profession que vous choisissiez.

Le nègre hocha la tête à plusieurs reprises.

— Oui, dit-il, il y a dans ce que vous me proposez du bon et du mauvais ; ce n’est pas cela complètement que je voudrais.

— Expliquez-vous clairement, Quoniam, je devine que vous avez sur le bout de la langue quelque chose que vous n’osez dire.

— C’est vrai, je n’ai pas été franc avec vous, Tranquille, et j’ai eu tort, maintenant je le reconnais. Au lieu de vous demander hypocritement un conseil que je n’avais nullement l’intention de suivre, j’aurais dû vous dire loyalement ma façon de penser, cela aurait mieux valu de toutes les manières.

— Voyons, fit en riant le chasseur, parlez.

— Eh bien, ma foi, pourquoi ne vous dirai-je pas ce que j’ai dans le cœur. S’il existe au monde un homme qui s’intéresse à moi, c’est vous sans contredit, mieux vaut donc que je sache de suite à quoi m’en tenir ; la seule profession qui me convienne est celle de coureur des bois. Mes instincts et mes inspirations m’y poussent. Toutes mes tentatives d’évasion, alors que j’étais esclave, tendaient vers ce