Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/298

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les chasseurs, tantôt contre les Indiens, surpassant les uns et les autres en cruauté et en fourberie.

Ces hommes, en un mot, étaient ce que l’on est convenu de nommer des pirates des prairies.

Dénomination qui leur convient sous tous les rapports, puisque de même que leurs confrères de l’Océan, arborant tous les pavillons ou plutôt les foulant tous aux pieds, ils courent sus à tous les voyageurs qui se hasardent à traverser isolément les prairies, attaquent et dévalisent les caravanes, et lorsque toute autre proie leur échappe, ils s’embusquent traîtreusement dans les hautes herbes, pour guetter les Indiens qu’ils assassinent afin de gagner la prime que le gouvernement paternel des États-Unis donne pour chaque chevelure d’aborigène, de même qu’en France on paye la tête de loup.

Cette troupe était commandée par le capitaine Ouaktehno, que déjà nous avons eu l’occasion de mettre en scène.

Il régnait parmi ces bandits une agitation qui présageait quelque expédition mystérieuse.

Les uns nettoyaient et chargeaient leurs armes, d’autres reprisaient leurs vêtements, quelques-uns fumaient en buvant du mezcal, d’autres enfin dormaient enveloppés dans leurs manteaux troués.

Les chevaux, tout sellés et prêts à être montés, étaient attachés à des piquets.

De distance en distance des sentinelles, appuyées