Page:Aimard - Les Trappeurs de l’Arkansas, 1858.djvu/299

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sur leurs longues carabines, silencieuses et immobiles comme des statues de bronze, veillaient au salut de tous.

Les lueurs mourantes des feux qui s’éteignaient peu à peu jetaient sur ce tableau des reflets rougeâtres qui donnaient aux pirates une expression plus farouche encore.

Le capitaine paraissait en proie à une inquiétude extrême ; il marchait à grands pas au milieu de ses subordonnés, frappant du pied avec colère et s’arrêtant par intervalles pour prêter l’oreille aux bruits de la prairie.

La nuit se faisait de plus en plus sombre, la lune avait disparu, le vent mugissait sourdement dans les mornes, les pirates avaient fini, les uns après les autres, par se livrer au sommeil.

Seul, le capitaine veillait encore.

Tout à coup il lui sembla entendre au loin le bruit d’un coup de feu, puis un second, et tout rentra dans le silence.

— Qu’est-ce que cela signifie ? murmura le capitaine avec colère ; mes drôles se sont-ils donc laissé surprendre ?

Alors, s’enveloppant avec soin dans son manteau, il se dirigea à grands pas du côté où le bruit s’était fait entendre.

Les ténèbres étaient épaisses, et, malgré sa connaissance des lieux, le capitaine n’avançait que difficilement à travers les ronces et les broussailles qui