Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— J’étouffe !

— Choisissez.

— J’étouffe, répétait Charbonneau, et j’accepte…

— Bien. Il ne s’agit que de s’entendre, répondit l’inconnu qui lâcha la cravate.

— Ouf ! vous n’y allez pas de main morte, vous, s’écria l’agent de police, qui, attaqué si rudement, n’avait même point songé une seconde à se servir des armes contenues dans sa poche de côté.

— Reprenez vos esprits, puis nous causerons des conditions auxquelles vous recevrez la récompense promise.

— J’y suis. Décidément, vous avez une belle poigne. Il vaut mieux être pour que contre vous.

— Vous m’écoutez ?

— Oui. Mais d’abord une prière.

— Laquelle ?

— Désarmez ce joujou que vous m’avez appliqué sur la tempe, et mettez-le dans votre profonde.

— Vous dites ?

— Je veux dire dans votre poche.

— Volontiers.

— Vous ne vous imaginez pas comme c’est froid, l’anneau de fer que…

— Bien ! bien ! fit l’homme, qui désarmait son pistolet et le remettait sous son manteau, pour condescendre au désir de maître Charbonneau, — mais ne vous avisez pas de porter la main aux petits engins que j’ai sentis sous votre redingote, là, à gauche… Je ne vous laisserais le temps de murmurer ni Pater ni amen.

— Voulez-vous que je les jette ?

— Inutile. N’y touchez pas, voilà tout ce que j’exige de vous.

— Voyons vos conditions ? demanda Charbonneau.

— Tout bien considéré, je ne vous en impose qu’une…

— C’est assez.

— Bien simple.

— Hum ! hum ! toussa l’agent de police, qui se méfiait d’une si grande facilité.

— Me seconder…

— Dans quoi ?

— Dans une affaire difficile.

— Qui aura lieu, où ? quand ?

— Ah ! voilà ce que vous allez m’apprendre, dit l’homme au manteau.

— Comment ?

— En me répétant mot à mot votre entretien.

— Avec la comtesse ?

— Précisément.

— Cré mâtin ! jura Charbonneau, quand vous avez une idée, il faut y passer ; il n’y a pas à chanter ni à reculer.

— Je paye pour cela.