— Oui.
— À votre aise. Tutoyez-moi, ne me tutoyez pas, c’est affaire à vous. Seulement laissez-moi vous certifier que je ne comprends pas un traître mot à vos allées, à vos venues, à vos phrases et à vos contre-phrases.
— Bien. Voyons, jouons-nous cartes sur table ? demanda l’ex-agent.
— Dans quel but ?
— Pour abréger la partie.
— Votre enjeu ?
— Ma réputation.
— Peuh ! fit Rifflard avec une moue expressive. Contre quoi ?
— Contre votre tête.
— C’est peu contre beaucoup. Pas si dupe ! fit froidement l’ouvrier cambreur. D’ailleurs, je ne suis pas joueur. Repassez demain, mon brave homme, on a déjà donné à votre fils.
— Allons, poitrinez, si cela vous convient, continua M. Jules, moi, je vais découvrir mon jeu. Nous verrons bien si ça ne mettra pas de l’eau dans votre vin.
— Voyons.
— Mon bon Rifflard, ouvrier cambreur…, pendant que j’examinais la peau d’âne que vous vous êtes jetée sur le corps, le bout de votre oreille a passé. Je sais maintenant à quoi m’en tenir sur vous et les vôtres.
— Parlez.
— Oh ! ne craignez rien, s’écria M. Jules, vous ne perdrez rien pour attendre. Depuis six mois, vous accomplissez des prodiges d’adresse, des miracles d’audace…
— Moi ?
— Vous-même. Ne m’interrompez pas. Je suis sûr de ce que je dis. Voilà plus de six mois que je vous suis à la piste…
— Ah bah ! fit Rifflard d’un air étonné.
— Sans vous perdre une minute, une seconde de vue.
— Et votre bureau ? demanda l’autre dans son incrédulité.
— Et ma police ?
— Oh ! alors !
— Quoi, alors ?
— Rien.
— Mais encore, expliquez-vous.
— Faut de la police, pas trop n’en faut.
— Il y a un pied de trop, fit M. Jules en riant.
— Coupez-le.
— Ce n’est pas sous ce pied-là que pousse l’herbe que je voudrais couper.
— Bah !
— Non. Vous allez voir, mon petit Rifflard, que des recherches bien faites suivies avec persévérance, amènent toujours un résultat satisfaisant.
— Voyons.
— Il existe à Paris, continua l’ex-agent, une société…
— J’en connais plusieurs… mêlées, interrompit l’ouvrier cambreur, qu’envahissait un commencement d’inquiétude.