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— Jamais ! c’est long,

— Tant qu’il me conviendra de conserver mon incognito.

— Nous le jurons ! répétèrent les deux hommes.

— Sur cette croix ?

— Sur Dieu.

— Vous êtes Bretons, je me fie à votre parole, à votre serment !

— Nous n’y avons jamais manqué, repartit fièrement le baron.

— Jamais ! c’est beaucoup dire ! riposta l’inconnue avec malice. Mais le temps presse ! l’ennemi approche, soyez sur vos gardes ; l’action va s’engager.

— L’action ? mais n’est-elle pas engagée depuis…

— Silence, baron.

— Je me tais.

— Et suivez-moi.

— Où cela ?

— Vous le saurez tout à l’heure.

— Pourquoi ne pas demeurer dans cette salle ?

— Ce serait folie !

— Ne sommes-nous pas gardés par les vôtres ?

— Folie ! vous dis-je, folie !

Les deux hommes se virent complètement subjugués par l’ascendant de cette créature extraordinaire.

Elle avait dit :

— Suivez-moi !

Ils la suivirent.

Ils quittèrent la chambre derrière elle.

À peine l’avaient-ils quittée, que Brigitte la vieille servante rentra accompagnée d’un homme et d’une jeune femme.

L’homme était le vieux sergent, le père Pinson.

La jeune femme s’appelait Edmée, petite-fille du comte de Kérouartz, duc de Dinan.

C’est du vrai comte de Dinan que nous entendons parler à nos lecteurs.


IV

L’ANCIEN RUISSEAU DE MÉNILMONTANT

Quittons momentanément la maison de Belleville, où nous ne tarderons pas, du reste, à revenir, et rejoignons Passe-Partout et ses compagnons.

Nous avons laissé nos hardis aventuriers s’engouffrant dans les méandres souterrains faisant suite au lit du puits dont l’orifice se trouvait dans la cour du Lapin courageux.

Ils marchaient avec le courage froid et la résignation sublime que donne la conviction du devoir accompli.