Page:Aimard - Les invisibles de Paris, 1893.djvu/785

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Ils avaient sans doute suivi, atteint, perdu et retrouvé sa piste, puisque depuis un si grand nombre de jours et de nuits, c’était la première fois qu’en dehors du billet et des armes que son guichetier lui avait fait passer, il parvenait à lui donner signe de vie.

Dans un élan subit de joie et de reconnaissance vers le Très-Haut, le comte de Warrens, qui jusque-là ne s’était pas oublié et n’avait jamais laissé échapper un cri imprudent, une phrase qui pût trahir la disposition de son esprit, le comte s’écria avec enthousiasme :

— Mon Dieu, Seigneur ! vous prenez en pitié celles de vos créatures qui ne désespèrent jamais ! Mon Dieu ! je n’ai pas désespéré et vous me secourez ! Mon Dieu ! que votre saint nom soit béni !

L’espoir rentrait dans son cœur.

Il tomba presque à genoux.

Une voix railleuse, écho sinistre de sa prière, lui répondit :

— Que le nom du Seigneur soit béni, monsieur le comte. Je vous trouve donc enfin disposé à agir en chrétien, en père, en homme que la grâce à touché ! Je suis heureuse de vous entendre parler et prier ainsi. Que le saint nom du Seigneur soit béni !

Le comte se releva, avant même que ses genoux n’eussent touché le sol.

La porte de sa prison venait de s’ouvrir sans bruit.

La comtesse Hermosa de Casa-Real se tenait devant lui, froide, hautaine, implacable.

M. de Warrens se trouvait enfin face à face avec son ennemie mortelle.


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