pourquoi faire ?… je ne suis jamais fatigué. Vous le savez pourtant bien, monsieur le vicomte.
— C’est vrai, mon garçon ; mais si tu es de fer, toi, il n’en est pas de même de ton cheval qui, lui, est de chair et d’os ; regarde-le, il n’en peut plus, le pauvre animal !
— Vous avez raison.
Et le géant mit pied à terre.
Manœuvre de l’homme qui, par parenthèse, sembla plaire considérablement à l’animal.
Sans perdre un instant, le vicomte René de Luz, aidé par Filoche et l’infatigable Cigale, se mit en devoir d’exécuter les ordres du capitaine Passe-Partout.
Les travaux des mineurs étaient terminés depuis une heure.
Les travailleurs se reposaient, rentrés sous leurs tentes.
— Mon cor ? demanda le vicomte.
Filoche s’éloigna pendant quelques instants, puis il revint avec l’instrument demandé, c’est-à-dire une magnifique Dampierre.
René prit le cor, l’approcha de ses lèvres et sonna un mot.
À peine le dernier son du cor s’évanouissait-il dans l’air, que les rideaux des tentes s’écartèrent à la fois.
Tous les travailleurs sortirent.
Ils vinrent se ranger silencieusement autour du jeune homme.
Celui-ci fit un geste de la main.
Ce geste signifiait :
— Attendez !
Puis il porta de nouveau le cor à ses lèvres.
Cette fois, ce ne fut pas un mot qu’il sonna, mais bien une fanfare tout entière, avec un brio, une force, une verve que peu de musiciens possèdent.
La fanfare éclata joyeuse, puissante.
Répercutée par les échos, elle alla mourir comme une plainte au fond des mornes ignorés qui cerclaient la plaine.
Un quart d’heure se passa.
Puis plusieurs hommes parurent.
Après ceux-là, d’autres.
Et d’autres encore.
Ces hommes vinrent se ranger, sans demander d’explication, auprès des chercheurs d’or.
Ces nouveaux venus étaient les chasseurs.
Lorsque le vicomte se fut assuré, par un regard jeté autour de lui, que personne ne manquait à l’appel, il prit la parole et communiqua aux assistants l’ordre qu’il venait de recevoir par l’entremise intelligente de la Cigale.
— Que ceux qui désirent faire partie de l’expédition sortent des rangs, ajouta-t-il en terminant.
Personne ne bougea.
René de Luz ne se déconcerta pas.
Il connaissait ses hommes.