Il répéta sa question.
Même silence.
— Filoche ! demanda René en souriant, que faire ?
— Prenez-en cinquante vous-même, monsieur le vicomte.
— C’est ton idée ?
— Dame ! oui ! Vous en demandez cinquante… et ils désirent tous y aller… Que diable voulez-vous qu’ils fassent… Je les plains bien, les pauvres diables !
— Je crois que tu as raison… Allons, mes amis…, que ceux que je ne choisirai pas ne m’en gardent pas rancune ; je prends au hasard.
— Moi d’abord, murmura Filoche.
— Oui, toi d’abord… au hasard !… répliqua René de Luz en choisissant Filoche, qui ne se connaissait pas de joie.
L’ex-débardeur, le collègue de la Cigale, était d’un naturel remuant ; la vie du camp l’ennuyait mortellement.
Les quarante-neuf autres furent trouvés en un instant.
— Vous avez dix minutes pour vous préparer, ajouta le vicomte.
Les chercheurs d’or s’éloignèrent de divers côtés, commentant à leur manière l’ordre imprévu qui venait de leur être donné.
Les dix minutes n’étaient pas encore écoulées que déjà cent chevaux complètement harnachés se trouvaient rangés sur deux lignes, au milieu du camp.
Près de chaque cheval, bride en main, il y avait un homme bien armé.
Le vicomte de Luz alors passa une minutieuse inspection.
Il n’eut pas un reproche à adresser.
Tous ces hommes, vieux soldats ou vieux marins, avaient obéi à la lettre.
Au moment où le jeune homme terminait son inspection, le colonel Martial Renaud et ses compagnons arrivaient.
Ils avaient entendu la fanfare, et ils s’étaient hâtés de rentrer au camp.
Ils arrivaient trop tard.
Le colonel Martial Renaud ouvrait la bouche pour demander au vicomte René de Luz l’explication de cette réunion extraordinaire d’hommes armés en guerre, lorsque tout à coup, un grand bruit, un brouhaha retentissant, lui fit tourner la tête et lui coupa la parole.
C’était la caravane, Passe-Partout en tête, qui pénétrait au galop dans le camp.
VIII
LE BRICK « L’ÉCLAIREUR »
Il nous faut maintenant interrompre notre récit et faire quelques pas en arrière, afin de mettre le lecteur au courant des événements qui s’étaient passés depuis le jour où, par leur audacieux coup de main contre la ferme, les Compagnons de la Lune avaient si heureusement délivré leur chef et