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III

COMMENT ET POURQUOI L’OLONNAIS S’EMBARQUA POUR LA CÔTE.

Afin de bien expliquer au lecteur les événements très-sérieux qui venaient de se passer à bord du vaisseau le Santiago, et avaient obligé le commandant par intérim de ce navire à faire au capitaine Vent-en-Panne, les signaux répétés et si peu intelligibles, qui avaient si fort surpris les officiers du Robuste, il nous faut reculer d’environ six semaines en arrière, et revenir à Dieppe quelques heures avant le départ du bâtiment de la Compagnie pour la côte.

Le navire de neuf cents tonneaux, le Coq, armé de douze pièces de canon ; ayant soixante-dix hommes d’équipage, et appartenant à la Compagnie des Indes, était en partance pour Port-de-Paix ; où il allait porter des denrées de toutes sortes, indispensables à la colonie, et cent-quatre-vingt-dix engagés des deux sexes.

On sait de quelle façon cruelle, la Compagnie des Indes en agissait avec ces malheureux.

On les recrutait un peu partout ; on les enlevait même au besoin. Un mari, qui voulait se débarrasser de sa femme, une femme de son mari, un père de son fils, un fils de son père, un débiteur de son créancier, s’entendaient avec les racoleurs de la Compagnie ; leur remettaient une somme plus ou moins considérable ; et l’individu dont on voulait se débarrasser était saisi, appréhendé au corps, n’importe où on le trouvait : dans les rues, dans les promenades publiques même, en plein