tramait dans l’ombre, contre la femme pour laquelle il avait une adoration si respectueuse, et nous dirons presque si désintéressée ; à cause de la barrière infranchissable, que les lois implacables de la société d’alors élevaient entre elle et lui.
Ceci demande une explication que nous allons essayer de donner en peu de mots.
Le premier lieutenant, ou second capitaine du bord, était un ancien officier de la marine royale, que certaines fredaines un peu trop accentuées, et qu’il est inutile de rapporter ici, avaient obligé à donner sa démission. Cet homme était noble ; il portait même un beau nom ; le comte Horace de Villenomble ; et se trouvait apparenté avec la meilleure noblesse d’Auvergne. De plus il était neveu d’un des directeurs de la Compagnie des Indes. C’était même, grâce à la protection de cet oncle, qu’il avait obtenu l’emploi de deuxième capitaine du navire le Coq ; emploi qu’il occupait depuis trois ans, tant bien que mal. Nous ne prétendons pas dire par là qu’il fût mauvais marin ; bien au contraire, il connaissait parfaitement son métier ; en maintes circonstances, il avait fait preuve de grands talents, et d’une remarquable science nautique. Mais les bonnes qualités que M. de Villenomble possédait comme marin, étaient complètement obscurcies par des vices honteux et une immoralité sans bornes ; cet homme n’avait de respect pour rien. Il était ivrogne, joueur, licencieux et le reste. Rien ne lui coûtait pour satisfaire ses caprices, ou assouvir ses passions.
À bord du Coq il était exécré par tout l’équipage, et surtout redouté, à cause de l’influence dont il jouissait sur l’esprit de son oncle, qu’il était parvenu à complètement aveugler sur son compte, et à convaincre de son retour définitif à une existence honnête et laborieuse. Parfois même, le digne homme se félicitait de sa conversion ; et s’applaudissait d’être parvenu à le remettre dans la bonne voie.
Au physique, le chevalier Horace de Villenomble