Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/247

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qu’elles obtiennent, même auprès des personnes les plus sérieuses.

— Vous trouvez, monsieur ? reprit le boucanier en ricanant. Eh bien ! foi de Bothwell, vous avez tort d’être aussi surpris ; vous n’êtes pas au bout, vous en verrez bien d’autres ; vous connaissez encore mal la Côte ; étudiez-la, croyez-moi, cela en vaut la peine, nous sommes le peuple le plus singulier qui soit. Toutes les castes y sont mélangées ; la haine, la misère, la débauche, et surtout les fours parisiens de la Compagnie des Indes, nous amènent à foison les personnalités les plus disparates.

— Vraiment ? dit Chanteperdrix d’une voix railleuse.

— Mon Dieu oui ! figurez-vous que nous avons de tout ici, ajouta Bothwell, en les couvrant de son regard clair, aux effluves magnétiques ; des comtes, des barons, jusqu’à des marquis et des princes ; mais assez sur ce sujet ; à votre santé, messieurs ! fit-il en remplissant les verres, et revenons s’il vous plaît à votre ou plutôt à notre affaire.

Les deux hommes étaient livides ; pour se donner une contenance, ils saisirent leurs verres et les vidèrent machinalement.

— Tout ce que vous nous apprenez, est fort intéressant, capitaine, reprit le Chat-Tigre, après un instant, mais en admettant que cela soit, sans avoir l’intention de mettre une seconde votre véracité en doute, je vous avoue que je suis de plus en plus surpris.

— De quoi donc, monsieur ?

— De la connaissance que vous possédez de toutes ces choses.

— C’est cependant bien facile à comprendre : nous avons en France, en Angleterre, en Espagne, partout enfin ou notre intérêt l’exige, des agents que personne ne connaît, que nous payons fort cher, et qui nous renseignent admirablement sur tout ce qu’il nous importe de savoir. Ces agents ont un pied dans toutes les familles ;