voulais seulement voir si vous aviez besoin de quelque chose ?
— Oui, j’ai besoin de deux bouteilles de ton meilleur vin d’Arbois, et d’un flacon de vieille eau-de-vie de France, si par hasard il t’en reste encore ?
— J’en ai pour vous, capitaine.
— Alors hâte-toi de me servir et, comme je n’aime pas à boire seul, tu me tiendras compagnie en me faisant raison.
— Je suis à vos ordres, capitaine ; s’écria le boucanier en s’élançant joyeusement au dehors.
Cinq minutes plus tard, il reparut, non-seulement chargé des bouteilles, mais apportant en sus, un magnifique pâté de venaison, des pains, des tranchoirs et une serviette, destinée à servir de nappe.
En un tour de main le couvert fut mis.
— Voilà, capitaine, dit-il en saluant Bothwell ; il est onze heures passées ; j’ai supposé que peut-être, vous ne seriez pas fâché de manger une bouchée.
— Pardieu ! ta supposition est juste Pied d’Alouette, mon ami, répondit le flibustier en riant ; je t’avoue que j’ai grand appétit ; ton admirable pâté est le bienvenu.
— Alors attendez, ce n’est pas tout ; reprit-il en se frottant les mains.
Il fit une nouvelle sortie ; cette fois il rentra portant deux autres bouteilles, des viandes froides, des fruits et une bouilloire pleine de café, chantant sur un réchaud allumé.
Ce n’était plus un encas, mais un souper complet, dont un gourmet aurait été satisfait.
— À table ! dit Bothwell.
— À table ! répéta le boucanier.
Ils se placèrent en face l’un de l’autre, et commencèrent une vigoureux attaque, contre les mets posés devant eux.
Le capitaine n’avait dit que la stricte vérité en annonçant qu’il se sentait un grand appétit ; il dévorait litté-