Aller au contenu

Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bon ! s’écria-t-il déjà levé, capitaine.

— Tu vois, mon camarade, et prêt à partir ; répondit gaiement Bothwell.

— C’est affaire à vous, de vous éveiller ainsi à l’heure juste.

— L’habitude d’être toujours sur le qui-vive, pas autre chose ; ah ça et mon Gelin ?

— Le voici ; répondit Danican, en lui présentant un long fusil de boucanier ; je ne l’ai pas chargé ; j’ai préféré vous laisser ce soin.

— Tu as bien fait, dit le capitaine.

Il prit le fusil, l’examina en connaisseur, étudia la couche et fit jouer la batterie.

— C’est une bonne arme, dit-il avec satisfaction ; merci, Danican, tu ne m’as pas trompé.

Il chargea le fusil avec la plus sérieuse attention ; puis il attacha à sa ceinture le sac à balles et la poire à poudre que, selon sa promesse, le boucanier, lui avait donnés avec le fusil.

— Maintenant, dit-il, que faisons-nous ?

— Il est près de quatre heures et demie, répondit Danican ; il est temps de partir, mais auparavant, nous boirons un verre de vieille eau-de-vie de France ; je ne connais rien de tel pour chasser les brouillards du matin.

— Va pour l’eau-de-vie de France, c’est une excellente liqueur ; fit le capitaine.

Les verres furent remplis, choqués et vidés en moins de cinq minutes ; puis les deux hommes quittèrent la maison, la laissant sous la garde des engagés de Danican.

Le froid était assez vif ; la nuit encore noire.

Mais le boucanier connaissait le pays ; sans hésiter une seconde, il tourna à droite et s’engagea à grands pas sous le couvert, suivi de près par Bothwell ; si le capitaine ne l’avait pas eu pour guide, il aurait été fort empêché pour se diriger au milieu de ces ténèbres, dans cette partie de l’île, où jamais il n’était venu ; bien que