L’Olonnais, à demi-subjugué par ces paroles touchantes, laissa anxieusement errer un regard interrogateur autour de lui.
Les Frères de la Côte baissèrent affirmativement la tête.
— Tu ne me réponds pas ? murmura-t-elle d’une voix si harmonieusement modulée que le jeune homme sentit un frisson courir dans ses artères.
— Soit ! dit-il en adoucissant le timbre un peu rude de sa voix, puisque tu m’en pries, cet homme vivra ; mais c’est à toi seule, que j’accorde sa vie.
— Merci, ami, répondit la jeune fille avec âme, dis-moi ton nom, afin que je le conserve dans mon souvenir ; moi, ajouta-t-elle avec une mélancolie charmante, je suis Fleur-de-Mai, l’enfant de Dieu et la fille des Frères de la Côte.
— Moi, Fleur-de-Mai, répondit le jeune homme d’une voix balbutiante, on me nomme l’Olonnais.
— Bien, reprit-elle en battant des mains, comme une folle enfant n’ayant pas encore conscience de ses actes ; l’Olonnais, tu es bon, tu es généreux, je t’aime !
Le jeune homme tressaillit à ces paroles si simples, prononcées avec tant de candeur, un nuage passa sur son front, mais faisant effort sur lui-même :
— Moi aussi je t’aime, comme si j’étais ton frère ; dit-il.
— Bien, ami ; répondit la jeune fille en se retirant un peu en arrière.
L’Olonnais jeta sa hache loin de lui, et tendant la main au flibustier.
— Bothwell, lui dit-il en souriant, bien que d’un accent assez froid, tout est oublié, relève-toi ; un ange te soustrait à ma vengeance, soyons amis !
— Jamais ! s’écria le capitaine d’une voix sourde.
Et repoussant d’un geste brusque, la main que lui tendait son généreux adversaire, d’un bond, il se remit sur ses pieds.
Pendant deux ou trois minutes, un silence pénible et