embarrassé plana sur les témoins de cette scène extraordinaire.
Bothwell en proie à une rage folle mais contraint de la contenir, se mordait les lèvres jusqu’au sang en jetant des regards farouches sur les Frères de la Côte, dont il était entouré ; Montbarts et ses amis, le front pâle, le sourcil froncé sous le poids de quelque pensée secrète, fixaient le flibustier, avec une expression d’indicible tristesse. L’Olonnais essayait vainement de découvrir Fleur-de-Mai ; la jeune fille avait disparu avec la rapidité d’une biche effarouchée, sans laisser de traces de sa fuite.
Bothwell se décida à rompre enfin ce silence, que chaque seconde rendait plus gênant pour tous.
— Il faut en finir ; murmura-t-il d’une voix sourde, mais assez haut pour être entendu de toutes les personnes présentes.
Le beau Laurent fit alors un pas en avant, et lui imposant silence, d’un geste empreint d’une majesté suprême :
— Bothwell, dit-il d’une voix ferme, le conseil des douze me charge de t’apprendre la décision, prise par lui, à l’unanimité à ton sujet, cette nuit à deux heures du matin.
— Le conseil des douze ! murmura le flibustier, avec une surprise mêlée d’épouvante, que me veut le conseil ?
— Écoute, reprit le beau Laurent toujours impassible, ce n’est pas moi qui parle, c’est le conseil ; moi je ne suis qu’un écho.
— Soit, je suis prêt à t’entendre, Laurent.
— Le conseil, reprit froidement le Frère de la Côte, considérant que tu as de parti pris, violé les lois de l’hospitalité, en te faisant inviter chez le duc de la Torre, dans le but hautement avoué par toi, de chercher querelle à l’un de tes frères, se trouvant en même temps que toi assis à la table du duc ; le conseil considérant que, sans provocation aucune, tu as insulté l’Olonnais,