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— Je me charge, moi, de vous en fournir l’occasion ; dit Vent-en-Panne, en touchant doucement l’épaule du capitaine.

— Vous ? fit-il en tressaillant.

— Oui.

— Vous me le promettez ? fit-il avec insistance.

— Je vous en donne ma parole ; dit froidement Vent-en-Panne.

— Je retiens votre parole ; oh ! que Dieu me prête vie, et nous verrons !

— Amen ! dirent les flibustiers en ricanant.

Bothwell fit un geste terrible, mais il l’avait dit, il était seul, sans armes ; il se contint.

Deux heures plus tard, le capitaine anglais, après avoir jusqu’au dernier ochavo, payé les quinze mille piastres, auxquelles le conseil des douze l’avait condamné, mettait sous voiles, et s’éloignait pour toujours de Saint-Domingue.


XIII

DANS LEQUEL L’OLONNAIS RACONTE SON HISTOIRE À SON MATELOT VENT-EN-PANNE

Par une belle et chaude matinée des derniers jours du mois de septembre, deux hommes cheminaient le fusil sur l’épaule, les chiens sur les talons ; suivis à une dizaine de pas en arrière par deux engagés chargés de havre-sacs extraordinairement gonflés de provisions, sur une sente étroite, tracée à travers les hautes herbes, le long d’un cours d’eau large mais peu profond, affluent