frileusement dans les plis épais d’un large manteau, qui lui cachait le bas du visage ; un feutre à larges bords, rabattus sur son front, ne laissait pas voir ses yeux.
— Vous êtes Yves Markouf le pêcheur ? dit-il sans attendre d’être interrogé.
— Hélas, oui, monsieur, je suis ce misérable, répondit humblement le pauvre homme.
— Je me suis renseigné dans ce hameau ; continua l’inconnu ; vous êtes de braves et dignes gens, d’après ce que tous vos voisins m’ont rapporté.
— Les pauvres n’ont pas grande gloire à être honnêtes, dit le pêcheur avec amertume ; l’honnêteté est la seule richesse qu’on ne puisse leur enlever.
— Dieu vous a durement éprouvés ; le malheur et la ruine se sont appesantis sur vous.
— Hélas ! murmurèrent-ils en baissant la tête avec tristesse.
— Je ne veux pas insulter à votre douleur ; je veux au contraire vous venir en aide.
Le mari et la femme hochèrent la tête ; le malheur rend incrédule.
— À défaut de bonheur, je puis et je veux vous donner une aisance relative ; vous mettre à l’abri du besoin, pour le reste de vos jours.
— Ne nous tentez pas, notre monsieur, notre douleur est trop grande, nous pourrions nous laisser entraîner à quelque mauvaise action ; répondit tristement la femme.
— Pauvres gens, murmura l’inconnu, le malheur rend-il donc si soupçonneux, qu’on ne puisse comprendre un bienfait, qu’au prix d’une mauvaise action ? Rassurez-vous, ajouta-t-il à haute voix, je ne veux rien vous demander que d’honnête ; prenez cette bourse, elle contient cent doubles pistoles ; tous les ans, à la même époque, vous recevrez égale somme.
— Que faut-il faire pour cela ? demanda le pêcheur, en repoussant doucement la bourse, que lui tendait l’étranger.