étourdissement, se releva sans avoir rien perdu de son courage ; il chargea le duc sur ses épaules et le porta jusqu’à un endroit où se tenaient cinq hommes apostés qui lui jetèrent d’autres cordes ; le geôlier attacha solidement le duc, s’attacha lui-même, puis tous deux furent hissés par leurs complices du dehors. Parvenu au sommet du mur de clôture, le geôlier demeura un instant immobile ; il étouffait ; la corde trop tendue lui serrait la poitrine ; un effort désespéré le sauva ; je dois ajouter qu’en cette circonstance comme précédemment à la sortie de la galerie, le geôlier avait passé le premier ; le duc l’avait exigé ainsi ; cinquante cavaliers et plusieurs chevaux de main, attendaient hors de l’enceinte ; le duc de Beaufort était libre ! il était deux heures de l’après-dîner.
— Le cardinal doit être furieux !
— Oui, mais il ne le laissera pas voir ; il feint au contraire d’être très-satisfait de l’évasion de son prisonnier ; il récrimine contre la reine, sur laquelle il essaie de faire retomber tout l’odieux de l’arrestation du duc de Beaufort.
— En effet ; c’est bien toujours le même Italien, vil et rusé.
— Ce qui ne l’a pas empêché de destituer M. de Chavigny, qui n’en peut mais ; et d’avoir lancé un ordre d’arrestation contre le prince de Talmont, ami intime du duc de Beaufort, et qu’il soupçonne d’avoir favorisé son évasion.
— Qu’est-ce que vous dites donc, maître Parizot ? le prince de Talmont est arrêté ?
— Je ne dis pas cela, capitaine, Dieu m’en garde ! je dis seulement que le cardinal en a donné l’ordre ; et bien injustement à mon avis.
— Pourquoi donc cela ?
— Mon Dieu ! parce que le pauvre prince est en ce moment trop triste, et trop ennuyé de ses propres affaires, pour songer à la politique.
— Je ne vous comprends pas.