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Page:Aimard - Les rois de l'océan, 1 (L'Olonnais).djvu/60

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— C’est vrai ; vous ignorez tout cela, vous capitaine ; parlons d’autre chose.

— Non pas s’il vous plaît, continuons au contraire, si cela vous est égal.

— Comme il vous plaira, capitaine, cependant je vous avoue que je préférerais vous entretenir de tout autre sujet moins scabreux.

— Scabreux ? fit le capitaine avec surprise.

— Oui, pour moi. L’homme qui a fait évader le duc est mon cousin, et de plus intendant du prince de Talmont.

— Je comprends à présent, comment vous êtes si bien au courant de toute cette affaire.

— Nul ne la pourrait mieux connaître que moi, capitaine.

— Mais si le prince n’est pas arrêté, où est-il donc ?

— Je ne vous ferai pas de mystères ; c’est lui qui commandait les cinquante gentilshommes, qui attendaient le duc à sa sortie du donjon de Vincennes.

— Peste ! le tour qu’il a joué là au cardinal, est assez noir, pour un homme qui ne s’occupe pas de politique !

— Il est allié de si près au duc de Beaufort !

— Je le sais.

— Vous le connaissez ?

— Beaucoup. Je vous dirai même, que c’est à cause de lui que je suis à Paris.

Le maître peaussier lança, au soit-disant capitaine, un regard interrogateur, que celui-ci supporta sans se troubler le moins du monde.

— Ah ! fit-il.

— Oui, reprit froidement le capitaine ; j’arrive du Poitou, où le prince a, vous le savez, de grandes propriétés, tout exprès pour le voir.

— Vous jouez de malheur, le prince n’est pas à Paris en ce moment.

— À mon grand regret ; j’avais un service à lui demander.

— Vous le voyez, le moment est mal choisi.