que hardi projet, tel que celui par exemple de s’emparer de la Vera-Cruz.
— Oh ! oh ! ce ne serait pas chose facile !
— Si c’était facile, où serait le plaisir ? dit le jeune homme en riant.
— C’est vrai, répondit David sur le même ton ; mais vous, que faites-vous par ici ?
— Je suis chargé par l’Olonnais de m’aboucher avec Vent-en-Panne et de prendre ses instructions définitives ; or, comme je ne veux pas risquer d’être découvert, ce qui ruinerait nos projets, je voyage doucement à mon aise, en attendant la nuit. Dès que le soleil sera couché, je ferai le signal convenu, et vous ne tarderez pas à voir paraître le navire.
— Oh ! mais je suis sauvé alors ! s’écria David au comble de la joie.
— Ça me fait assez cet effet-là ; à moins que vous ne préfériez rester à terre, je ne vois pas trop qui pourrait vous empêcher de partir.
— Vive Dieu ! je ne demeurerai pas une seconde dans ce maudit pays dès qu’il me sera possible d’en sortir.
— À la bonne heure au moins ; voilà ce que j’appelle du patriotisme ! ah ça, à présent que vous savez tout ce que vous désiriez savoir, donnez-moi donc quelques renseignements ?
— Lesquels ?
— Dame ! des renseignements topographiques ; vous n’êtes pas demeuré deux mois à la Vera-Cruz sans regarder un peu autour de vous, je suppose.
— En effet, répondit en riant le capitaine ; je vous dirai même que je me suis servi de mes yeux autant que cela m’a été possible.
— C’est-à-dire ?
— C’est-à-dire que j’ai acquis une connaissance approfondie de la ville, de ses environs, et que je connais la Côte à dix lieues à la ronde ; par ma foi ! presque aussi bien que si j’avais habité dix ans cette terre maudite.