Page:Aimard - Les rois de l'océan, 2 (Vent-en-panne).djvu/186

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— Eh bien, tout s’est arrangé, dit-il gaiement, vous voilà libres !

— C’était un malentendu, bien vite éclairci, répondit l’Olonnais ; nous n’avons pas un seul instant été considérés comme prisonniers ; du reste, nous devons reconnaître qu’on s’est conduit envers nous de la façon la plus courtoise.

Après avoir ainsi satisfait la curiosité bien légitime de leur hôte, les deux jeunes gens gagnèrent leur chambre, se munirent de quelques marchandises et quittèrent immédiatement l’hôtellerie, après avoir revêtu un costume de cheval.

Pas un mot n’avait été échangé entre eux.

Ils se rendirent chez un loueur de chevaux, firent prix pour deux bêtes qu’ils devaient conserver pendant huit jours, à raison de quatre piastres par jour ; après avoir annoncé leur intention d’aller vendre leurs marchandises dans les villages environnants, ils donnèrent l’ordre qu’on leur amenât leurs chevaux à deux heures précises de l’après-midi, à l’ordinaire où ils avaient l’habitude de prendre leurs repas, et ils se retirèrent.

À l’heure dite, ils montèrent à cheval et quittèrent la ville ; on était depuis longtemps déjà accoutumé à les voir aller et venir avec leurs marchandises, aussi les laissa-t-on, sans difficulté, franchir les portes.

Depuis leur sortie du bureau de police, aucune explication n’avait eu lieu entre les deux jeunes gens, c’est à peine même, s’ils avaient échangé quelques mots.

Pitrians, depuis longtemps accoutumé au caractère peu communicatif de son ami, ne s’inquiétait que très-médiocrement de ce mutisme ; convaincu que celui-ci avait de fortes raisons, que plus tard il lui communiquerait, d’agir ainsi ; il suivit donc avec une obéissance automatique les mouvements qu’il lui faisait faire sans essayer d’en découvrir les motifs.

Ils trottèrent côte à côte pendant près d’une heure, sans qu’un mot fut prononcé entre eux ; Pitrians remarqua seulement qu’ils se dirigeaient vers Medellin.