capitaine ; tu partiras en avant avec ta troupe en batteur d’estrade ; le beau Laurent te suivra. Il faut que les deux poternes soient bloquées avant même que nous autres, nous arrivions aux portes, tu comprends mon projet, n’est-ce pas ?
— Parfaitement, sois tranquille ; d’ailleurs tu sais que moi aussi j’ai un compte à régler avec les Gavachos,
— Eh bien, mes enfants, à présent que tout est réglé, je crois qu’il est temps de faire un somme ; demain, il faut que nous soyons bien éveillés.
Les chefs flibustiers s’enveloppèrent dans leurs manteaux, bientôt personne ne fut plus éveillé dans la caverne, les frères de la Côte avaient jugé prudent de ne placer aucune sentinelle au dehors, ils voulaient autant que possible éviter que le hasard révélât leur présence.
À peine le calme le plus profond régnait-il dans la grotte qu’une forme svelte, presque diaphane, se détacha de l’un des angles les plus obscurs, et s’avança d’un pas léger mais rapide vers Pitrians ; cette forme était celle d’une femme ; cependant son costume aurait été plutôt celui d’un homme sans le coquet jupon serré à sa taille et lui descendant jusqu’aux genoux par-dessus son pantalon de matelot. Cette femme était armée comme aurait pu l’être un flibustier ; elle se pencha vers Pitrians et lui toucha doucement l’épaule.
— Ah ! c’est toi, Fleur-de-Mai ? dit le jeune homme en ouvrant les yeux.
La jeune fille posa un doigt sur ses lèvres, pour lui recommander le silence, en même temps qu’elle lui faisait signe de la suivre ; Pitrians se leva aussitôt et quitta la grotte sur les pas de la jeune fille ; quand elle eut tourné la falaise et atteint le rivage elle s’arrêta.
— Que me veux-tu ? lui demanda le flibustier.
Un sourire triste erra pendant une seconde sur les lèvres de l’enfant.
— Pitrians, lui dit-elle enfin, tu aimes l’Olonnais, n’est-ce pas ? tu es son ami ?