mon temps est précieux, je ne puis le perdre ainsi ; adieu, Pitrians.
Elle se détourna et se dirigea vers l’intérieur des terres ; le jeune homme s’élança après elle et l’eut bientôt rejointe.
— Voyons, lui dit-il en lui prenant les mains, que veux-tu, parle, je le ferai, car Dieu me pardonne ! si je n’y consentais pas, je ne sais ce qui arriverait !
— Tu me le promets, Pitrians ? bien vrai ?
— Oui, bien vrai, entêtée.
— Eh bien, je te répète, fournis-moi les moyens de m’introduire dans la ville, je ne te demande que cela ?
— Que cela ! fit Pitrians qui ne put s’empêcher de rire de la naïveté de la jeune fille ; enfin, je vais essayer, suis-moi.
— Où me conduis-tu ?
— Chez un ami, sois sans crainte.
— Oh ! je ne crains rien avec toi, Pitrians ; pourquoi craindrais-je ? je sais que tu ne voudrais pas me faire du mal ; d’ailleurs Dieu ne le permettrait pas ; marche vite, tu sais que je suis habituée à errer dans les bois.
Rassuré par ces mots, Pitrians allongea le pas ; bientôt les deux jeunes gens atteignirent le couvert et s’engagèrent dans une sente étroite aboutissant directement à Medellin ; à peine marchaient-il sous bois depuis dix minutes, lorsque Pitrians crut entendre le bruit sourd du pas d’un cheval, à une distance assez rapprochée.
Il fit signe à sa compagne de s’arrêter et prêta attentivement l’oreille ; bientôt il ne lui resta plus le moindre doute ; c’était bien le pas d’un cheval qu’il avait entendu.
— Pardieu ! murmura le jeune homme, voilà qui serait singulier ! Eh ! vive Dieu je veux m’en assurer !
Il se pencha à l’oreille de la jeune fille, lui recommanda de l’attendre sans bouger de place, et il s’élança en avant, tout en prenant garde de ne pas être découvert. Une chose l’intriguait ; c’était le bruit sourd, presque imperceptible des pas du cheval.