Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/100

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— À peu près, oui, señora.

— Comment, à peu près ? fit l’Espagnole avec un rire frais et mélodieux.

— Vous êtes indiscrète, Lilia, prenez garde, lui dit sa compagne.

— Indiscrète, moi ? se récria-t-elle, pourquoi donc, ma chère Elmina ?

— Parce que vous devriez voir que ces cavaliers ont sans doute des motifs graves pour ne pas répondre autrement.

— Vous nous faites injure, señora, dit doucement Ourson Tête-de-Fer en se mêlant tout à coup à la conversation ; ce que mon ami vous a dit est, je vous l’affirme, l’exacte vérité.

— Je vous crois, señor, répondit doña Elmina avec émotion, vos procedés envers nous ont été jusqu’à présent trop nobles et trop généreux pour que nous mettions un instant vos paroles en doute.

— Pardon ! señora, si vous me le permettez, je vous expliquerai en deux mots cette affaire qui, avec raison, vous intrigue. Vous savez que nous sommes en état de guerre continuelle avec vos compatriotes ?

— Oui, je le sais, répondit doña Elmina avec une légère altération dans la voix.

— Il nous faut donc user d’une extrême prudence pour approcher des frontières espagnoles, si nous ne voulons risquer de tomber dans une embuscade.