Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lianes et de feuilles, on ne sait jamais ce qui se cache derrière.

À peine Vent-en-Panne avait-il prononcé ces paroles qu’un coup de feu éclata à une distance assez rapprochée et une voix mâle et sonore s’écria d’un ton de menace :

— J’ai défendu de tirer sous peine de mort, corbleu ! À quoi bon gaspiller ainsi de la poudre inutilement, mille diables ! puisque ces gavachos maudits sont cernés et qu’ils ne sauraient nous échapper ?

Les voyageurs tressaillirent et s’arrêtèrent instinctivement.

Ils pressentaient une scène de lutte et peut-être de carnage, comme il ne s’en passait que trop souvent au fond de ces déserts ignorés, lorsque les Espagnols et les boucaniers se trouvaient subitement en présence.

— C’est le Poletais, dit Vent-en-Panne à l’oreille du capitaine. Il doit y avoir quelque diablerie là-dessous ; attention !

Un certain bruit, comme celui que produit la marche pesante d’un détachement armé, s’entendit alors sous bois.

— Nous ne sommes pas dupes de votre ruse, répondit en castillan une voix hautaine ; les gens auxquels vous parlez n’existent que dans votre imagination.

— Vous croyez ? reprit aussitôt le Poletais en