Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/120

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avec émotion ; vous m’avez si bien accoutumée à vos délicatesses, qu’un bienfait de plus ne saurait augmenter ma dette envers vous.

Vent-en-Panne, malgré sa nature rude et inculte, était aussi ému que son compagnon ; il coupa court à cette scène qui menaçait de devenir embarrassante, en emmenant brusquement le capitaine.

Les Espagnols, plongés dans leurs réflexions, ne s’étaient pas aperçus, du moins ils n’avaient pas semblé s’apercevoir du long entretien des flibustiers avec les deux dames.

Une heure plus tard, le Poletais rejoignit les Frères de la Cote ; il était accompagné de ses trois engagés, et suivi par une douzaine de venteurs qui, en apercevant les Espagnols, voulurent tout d’abord leur sauter à la gorge, et qu’on eut grand peine à contenir.

Les engagés portaient sur leurs larges épaules tous les éléments d’un gigantesque festin ; il ne fallut que quelques minutes pour dresser les tentes et installer le boucan.

Sur l’ordre du Poletais, qui était bon homme au fond, à sa manière, on plaça des vivres en abondance devant les ex-prisonniers espagnols et les soldats, à qui on délia les mains pour leur permettre de manger.

Les meilleurs morceaux furent naturellement réservés aux dames, qui étaient restées sous l’enramada ; puis, engagés et Frères de la Côte s’assi-