Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/119

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Les deux aventuriers poussèrent un cri d’admiration à la vue des deux délicieux visages qui s’offrirent subitement à leurs regards.

Doña Elmina et doña Lilia avaient dix-sept ans à peine ; chez elles, les types mauresque et castillan s’étaient confondus pour compléter la beauté la plus éblouissante que pût imaginer l’âme rêveuse d’un poëte.

Mais malheureusement, cette ravissante vision n’eut que la durée d’un éclair : presque aussitôt les deux dames, avec un charmant sourire, replacèrent devant leur visage les plis de leurs rebozos.

— Déjà ! murmura le capitaine.

— Maintenant, señores, adieu ! dit doña Elmina.

— Un mot encore, señora, fit résolument le capitaine Ourson en retirant de sa poitrine une bague pendue à une chaîne d’acier qu’il brisa. L’avenir n’est à personne. Dieu m’est témoin que mon vœu le plus cher est que vous soyez heureuse ; mais si le malheur doit fondre de nouveau sur vous, et si vous avez jamais besoin d’un ami sûr, dévoué et brave, prenez cette bague, elle porte mon cachet ; n’importe quand, n’importe où, faites-moi parvenir l’empreinte de ce cachet, et vous me verrez aussitôt accourir. Montrez-le seulement à l’un de nos Frères ; tous ils le connaissent, et il vous servira de sauvegarde et de sauf-conduit si vous-même êtes contrainte de venir à moi.

– J’accepte, caballero, répondit doña Elmina