Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/176

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contenaient, pour les mettre dans des magasins à lui et les vendre à son profit.

— Est-ce vrai ? dit Ourson, en interrogeant la foule toujours grossissante des habitants qui, bien que se tenant à distance, s’étaient cependant enhardis à sortir de leurs maisons, en voyant que les flibustiers ne semblaient pas avoir de mauvaises intentions contre eux.

— C’est vrai, seigneurie, répondirent-ils d’une seule voix.

— Ainsi cet homme, qui par sa position devrait être votre protecteur et votre défenseur, vous vole et vous persécute, au contraire ?

— Il nous affame, enlève tout ce que nous possédons, et si nous osons lui adresser une plainte, il fait mettre les plaignants à la torture.

— Où sont les magasins de cet homme ?

— Seigneurie ! dit l’alcade en gémissant.

— Silence, misérable ! s’écria Ourson d’une voix terrible.

— Les magasins sont derrière sa maison, dit le pilote, ils regorgent, seigneurie, non-seulement de viande de bœuf boucanée, de porc salé et de céréales, mais encore de vin et de liqueurs.

— C’est bien ; justice sera faite de cet homme. Écoutez tous : je pourrais vous imposer une rançon, je ne le veux pas ; la seule chose que j’exige de vous, c’est que vous aidiez à l’embarquement de ces provisions dont j’ai besoin ; mais comme je ne veux