Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/181

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— Vous voila payés ; je ne vous dois plus rien, n’est-ce pas ? dit-il d’une voix haute et ferme en s’adressant à la foule.

— Si, capitaine, répondit l’homme auquel il avait remis la sacoche, vous nous devez encore quelque chose.

— Que vous dois-je donc ?

— Justice.

— Justice ?

— Oui capitaine, répondit l’Espagnol ; cette justice, vous nous l’avez promise.

— Je ne vous comprends pas.

— Cet homme, qui si longtemps a été pour nous le plus terrible des oppresseurs, reprit l’Espagnol en désignant l’alcade, ce misérable qui nous a abreuvés d’avanies, nous a spolié sans pudeur et torturés selon son caprice, le rendrez-vous donc à la liberté, pour que, vous parti, il relève la tête et nous fasse payer par d’horribles vexations, les faits qui, par votre ordre et sous la pression de vos forces militaires, se sont passés aujourd’hui ; cela serait-il juste ? Répondez capitaine ; nous avons foi en votre parole comme vous avez eu foi en la nôtre ; nous avons loyalement accompli notre tâche, à vous maintenant d’accomplir la vôtre.

— Soit ! reprit le capitaine d’une voix profonde ; mais cet homme ne peut mourir ainsi : il serait assassiné ; il doit être jugé ; vous-mêmes serez ses juges.