Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/190

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murs faits en bambous espacés, mais recouverts entièrement d’une toile fine, pour, tout en laissant circuler librement l’air, déjouer une indiscrète curiosité, deux jeunes femmes ou plutôt deux jeunes filles, à demi couchées sur des hamacs qu’elles balançaient elles-mêmes du bout de leur pied mignon, causaient à voix contenues ; tout en fumant de minces cigarettes de paille de maïs, dont la fumée odorante montait on spirale vers le plafond.

Ces deux jeunes filles, belles de cette beauté pure, majestueuse et naïve à la fois qui dénote la race et s’ignore soi-même, étaient doña Elmina et doña Lilia, que déjà nous avons eu l’occasion de présenter au lecteur.

Au moment où nous pénétrons dans le salon ; doña Elmina, avec un geste de mauvaise humeur, venait de jeter loin d’elle sa cigarette à peine commencée.

— Qu’as-tu donc, querida ? lui demanda sa compagne avec surprise.

— Ce que j’ai, niña ? répondit doña Elmina en tressaillant, je souffre, je suis malheureuse, et toi, méchante, que tu es, au lieu de compatir a mes peines, de me plaindre, tu ris, tu chantes et même tu te moques de moi.

— Oh ! oh ! fit la jeune fille en se redressant avec un léger froncement de sourcils, voici une attaque bien subite et bien vive, et tu dois en vérité bien souffrir, Elmina, pour me parler ainsi à