Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/191

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moi, non pas ta cousine, mais ton amie, ta sœur.

— Pardonne-moi, Lilia, je suis injuste en effet, mais si tu savais…

— Quoi ? pourquoi ne pas me parler franchement, Elmina ? Depuis près d’un mois, un changement total s’est fait en toi ; tu es pale, sombre, nerveuse, tes yeux sont battus ; parfois sur tes joues j’ai surpris des traces de larmes à peine effacées ; crois-tu donc que je sois aveugle, ou que je ne t’aime pas ! Non, non, querida, j’ai tout vu depuis le premier jour : c’est à la suite d’une longue conversation avec ton père que tu es devenue tout à coup ainsi.

— C’est vrai, murmura doña Elmina en baissant la tête.

— Mais l’amitié doit avant tout être discrète, je me suis tue ; j’ai vu que tu renfermais ton chagrin dans ton cœur, et, par fierté peut-être, ne voulais rien me dire ; j’ai attendu que ton cœur débordât enfin et qu’il te plût de partager avec moi le lourd fardeau de ta douleur.

— Merci, Lilia, tu es bonne et tu m’aimes.

— Oui, je t’aime, Elmina, et beaucoup plus que tu ne le supposes. Quant à la gaieté que tu me reproches…

— Je ne t’ai rien reproché, querida, interrompit doña Elmina avec une certaine vivacité, tandis qu’une légère rougeur empourprait son charmant visage.