Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/210

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Celui-ci reparut presque aussitôt.

— Diable ! dit-il en ricanant, quel parfum délicieux ! Corne-Bœuf ! tu fumes de fiers cigares, toi, ce que c’est que d’être riche !

— Tiens, prends, répondit don Torribio Moreno en tendant nonchalamment sa cigarera à l’inconnu. Et mon cheval ?

— Dans la litière jusqu’au cou, dit l’autre, et devant une botte d’alfalfa.

Puis, après avoir choisi et allumé un cigare à celui de don Torribio Moreno, il lui rendit la cigarera et s’assit en face de lui.

Il y eut un instant de silence.

Les deux hommes s’examinaient sournoisement à la dérobée ; mais voyant que son hôte s’obstinait à ne rien dire, le propriétaire du jacal se décida enfin à prendre la parole :

— Il y a longtemps que tu n’es venu de ce côté, lui dit-il.

— Je suis accablé d’affaires.

— Pauvre ami ! et cependant tu t’es souvenu de ton vieux camarade.

— N’avons-nous pas été matelots ?

— C’est vrai ; il y a longtemps de cela, par exemple, et bien des choses se sont passées depuis ; c’était sous Montbarts l’Exterminateur, lors de l’expédition de Maracaïbo. T’en souviens-tu ?

— Parbleu !

— Mais ce n’est pas, sans doute, pour me parler