Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la crosse reposait à terre ; il regardait d’un air goguenard don Torribio Moreno venir à lui.

Le Mexicain arrêta son cheval juste devant le jacal.

— Entres-tu ? lui dit l’homme en français pour tout salut.

— Oui, répondit don Torribio dans la même langue, si tu as du moins un endroit où je puisse cacher mon cheval ; car je ne me soucie pas de le laisser ainsi en vue sur la route.

— Que cela ne t’inquiète pas, reprit l’autre en saisissant l’animal par la bride ; descends et entre.

Don Torribio obéit à cette double injonction ; son étrange interlocuteur emmena alors le cheval et disparut avec lui dans le fourré.

L’intérieur du jacal était, s’il est possible, plus misérable encore que l’extérieur : dans un coin, un tas d’herbe sèche servant de lit ; au milieu, un trou avec trois pierres en guise de foyer, deux ou trois crânes de taureaux faisant office de sièges, un vieux coffre de matelot, parfaitement vide et dont le couvercle manquait, une marmite en fer, et deux ou trois plats ou assiettes de bois : c’était tout.

Don Torribio Moreno ne jeta qu’un regard indifférent sur cet intérieur que, probablement, il connaissait déjà depuis longtemps ; il s’assit sur un crâne de taureau, choisit un cigare dans sa cigarera l’alluma et commença à fumer tranquillement, en attendant le retour de son hôte.