Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/223

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des coutures du canot, elles étaient ouvertes : l’embarcation coula comme un plomb.

— Et les quatre hommes ?

— Se noyèrent. La nuit était noire, la mer houleuse ; il ne restait que deux hommes à bord, ils ne purent porter secours à leurs camarades.

— Voilà ce qui s’appelle ne pas avoir de chance, et en vue du port !

— À deux lieues à peine. S’il eût fait jour, on les aurait aperçus.

— Oui, mais il faisait nuit, dit l’aventurier toujours railleur ; tu conviendras que les deux hommes restés seuls à bord durent être assez embarrassés.

— Heureusement pour eux et pour la Santa-Catalina, la goélette avait été signalée au coucher du soleil, je l’attendais, et, connaissant son chargement, j’étais impatient de la voir et de m’informer des motifs qui l’avaient empêchée de donner le soir dans la passe. Je frétai une embarcation montée par six hommes, et vers quatre heures du matin j’accostai le navire, qui se tenait en panne devant le port, attendant du secours.

— C’était une inspiration du ciel.

— Tu dis vrai. Juste au moment où je faisais orienter les voiles, un, navire sortait de Carthagène en route pour Cadix.

— Ah ! ah ! ce que c’est que le hasard.

— Les deux seuls survivants de l’équipage avaient été tellement frappés de l’épouvantable