Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/224

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catastrophe de la nuit, qu’ils me supplièrent de les laisser passer à bord de ce navire.

— Naturellement, tu eus pitié de ces pauvres diables et tu consentis.

— Ce fut, en effet, ce qui arriva. Je leur payai ce qui leur était dû, j’ajoutai même une petite gratification pour les consoler de la mort malheureuse de leurs camarades, et je les conduisis au navire espagnol, dont le capitaine, que je connaissais un peu, consentit à les prendre à son bord.

— Comme tout s’enchaîne mon Dieu ! s’écria Barthélémy en levant les yeux au ciel. De sorte…

— De sorte que j’ai engagé les six hommes que j’avais amenés avec moi ; ces six hommes ignorent complétement ce qui s’est passé à bord ; de plus, avant de quitter le port, je leur avais dit, je ne sais trop pourquoi — une idée qui m’était passée tout à coup par la tête — que le capitaine de la goélette avait laissé la veille son navire dans la passe pour venir m’annoncer plus tôt son arrivée.

— Ce qui a fait que plus tard ils n’ont pas été étonnés de ne rencontrer que deux hommes à bord de la goélette, et qu’ils sont convaincus que leur capitaine est à terre.

— Tu vois que tout cela est bien simple.

— Comment donc, cher ami, on l’aurait fait exprès qu’on n’aurait pas mieux réussi.

— Que veux-tu dire ? fit don Torribio avec une certaine hauteur.