Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/230

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le bâtiment ne se tint plus en travers que par le seul effet de sa barre, que quatre hommes, les plus robustes de tout l’équipage manœuvraient à grand’peine.

La Taquine fatiguait beaucoup ; le pont, sans cesse balayé par les lames, était inhabitable ; l’équipage, accablé de fatigue, commençait à faire entendre de sourds murmures que les officiers ne parvenaient que difficilement à étouffer.

L’expédition commençait sous de sombres auspices ; déjà on rappelait tout bas le chiffre fatal de treize, et, la superstitieuse crédulité des matelots aidant, les choses menaçaient de prendre bientôt des proportions très-graves.

Seuls, le capitaine Ourson, l’Olonnais, le Poletais et deux ou trois autres demeuraient calmes, froids, impassibles et, les yeux fixés vers le ciel, ils attendaient avec confiance la fin de l’ouragan.

Cependant le troisième jour, pendant le quart de quatre à huit heures du matin, la tempête sembla vouloir se calmer, le vent baissa visiblement, bien que la mer continuât, selon l’expression maritime, à manger le navire ; à neuf heures la brise se fit maniable, à midi la Taquine faisait bonne route, deux ris dans les huniers.

Pour la première fois depuis trois jours, les officiers prirent la hauteur du soleil et firent le point.

On se trouvait par le travers de Saint-Chris-