ment punie, l’embarcation espagnole finit cependant par atteindre la frégate.
Le capitaine, qui tenait la barre, était un homme de quarante ans, aux traits doux et peu accentués ; une expression de tristesse et d’abattement était répandue sur son visage.
Il monta seul à bord ; les honneurs militaires lui furent rendus ; il salua en souriant avec amertume et se dirigea vers le commandant, qui descendit alors de son banc de quart et vint au-devant de lui.
— Eh mais, dit le flibustier avec un geste d’amicale surprise, c’est le capitaine don Ramon de la Cruz, je crois.
— Hélas ! oui, noble commandant, répondit celui-ci avec un humble salut, c’est encore moi.
— Encore ? mais c’est là un mot de reproche, capitaine.
— Il m’est tout personnel, commandant ; il est écrit que je ne puis accomplir un voyage sans être capturé par votre honorable seigneurie. Je me plains du destin, non pas de vous.
— En effet, voilà trois fois, il me semble, que nous nous rencontrons.
— Quatre, commandant.
— Vous croyez ?
— Hélas ! j’en suis sûr, fit don Ramon avec un soupir.
— Quatre, soit ! Mais, en considération de notre