Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/251

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– Soit, mais pendant qu’il te parlait, je l’ai bien regardé, et comme toi…

— Comme moi, n’est-ce pas ? tu as cru le reconnaître, interrompit doña Elmina, dont un frisson nerveux agita subitement tous les membres.

— C’est lui, le boucanier, le ladron de Santo-Domingo !… Oh ! jamais ressemblance plus étrange… reprit doña Lilia, et pourtant, l’homme dont nous parlons doit être mort.

— Le démon ne peut-il donc point sortir de l’abîme ?

— Mais si c’est lui ? il faut prévenir ton père, Elmina, tout lui dire.

— Quoi ? répondit la fille de don José Rivas en secouant la tête avec découragement, que savons-nous ? rien. D’ailleurs cet homme s’est complètement emparé de l’esprit de mon père, il le dirige, il le domine à sa guise ; il faudrait une preuve, une seule ; malheureusement cette preuve il nous est impossible de nous la procurer.

— Peut-être ! s’écria vivement doña Lilia.

— Que veux-tu dire ?

— Écoute-moi, Elmina, car moi aussi j’ai une confidence à te faire, dit-elle d’une voix ferme et accentuée.

Doña Elmina la regarda avec surprise.

— Toi ? dit-elle.

— Oui, moi, Elmina, tu sais combien je suis folle, et avec quel plaisir je m’échappe pour aller errer à