Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/259

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une table, la tête dans ses mains et regardant d’un air tragique un énorme verre de vin épicé placé devant lui.

— Cela ne peut pas durer ainsi davantage murmurait-il ; je ne suis plus un homme, je ne m’appartiens plus, je suis, le diable m’emporte, devenu une chose qu’on fait tourner et virer à sa guise ; il faut que cela finisse d’une façon ou d’une autre, j’en ai assez.

Il se leva, vida son verre d’un trait et monta sur le pont.

— Armez mon canot, commanda-t-il au maître de quart, qui se promenait de long en large sur les passavants.

L’ordre fut immédiatement exécuté.

Quelques minutes plus tard, le canot débordait et se dirigeait vers la terre.

Au moment où le capitaine Barthélemy mettait le pied sur la première marche du débarcadère, il vit tout-à-coup se dresser devant lui la haute stature de son intime ami don Torribio Moreno.

Le Mexicain souriait.

Le capitaine au contraire fronça le sourcil :

Il connaissait son ami, son sourire ne lui présageait rien de bon.

— Où vas-tu ? lui demanda don Torribio en lui tendant la main.

— À terre, répondit laconiquement le capitaine sans la prendre.