Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/270

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conduisiez mon cheval au corral et que vous me serviez un verre de mezcal.

— Ici ? demanda l’autre d’un air sournois.

— Non pas, reprit vivement le capitaine, dans la salle commune, ou, s’il y a trop de monde, dans une chambre particulière ; je vous paierai ce qu’il faudra.

Et il fit un mouvement pour mettre pied à terre.

— Vous serez parfaitement dans la salle commune, Seigneurie, répondit obséquieusement l’Indien, et les consommateurs ne vous y gêneront pas.

— Pourquoi donc cela ? demanda le capitaine en sautant à bas de son cheval.

— Parce que, Seigneurie, nous n’avons personne et que la pulqueria est en ce moment complètement vide.

Le capitaine lança un regard pénétrant sur l’Indien, regard que celui-ci supporta sans baisser ni détourner les yeux.

— Alors c’est différent, mon ami, reprit le capitaine et lui posant la main sur le bras : veux-tu gagner une once d’or, ajouta-t-il en baissant légèrement la voix ?

— Hum, Seigneurie, j’aimerais mieux en gagner deux, répondit aussitôt l’autre en clignant l’œil d’un air significatif.

— Bon ? je vois que nous nous entendons.

— Seigneurie, un pauvre diable comme moi qui gagne huit piastres par an — quand par hasard